Essais en vrac
J'ai retrouvé dans un cahier de nombreux textes qui avaient été écrit à l'origine pour donner d'abord une suite au seigneur des anneaux puis enfin de compte écrire un roman tout autre. Ces essais ont été écrits lorsque j'avais 15-16 ans. Quelques phrases ont été retouchées lors de la saisie sur informatique car d'une part, écriture manuscrite oblige, certaines étaient illisibles (mes profs avaient raison, j'écrivais vraiment très très mal à l'époque!) et d'autre part l'humidité a parfois fait des siennes, effaçant des phrases complètes.
Vue qu'il n'y pratiquement aucun ordre, les textes se suivent mais ne se ressemblent pas!
 
Essai 1
« Et alors il tomba emportant dans sa chute le terrible fardeau qu’était l’anneau unique. »
Esther se tourna vers son fils qui était maintenant endormi et resta, là, à observer celui qu’il avait tant chéri durant ces années. Des larmes coulèrent.
Demain il partirait vers les terres du Nord là où la guerre sévissait, et vu la tournure des évènements, il savait que c’était un des derniers instants où il pourrait être avec son fils. Car l’irruption des créatures du Chaos dans ce paradis perdu était imminente.
Personne ne connaissait leurs origines mais les éclaireurs envoyés dans le conté d’Even après la bataille d’Arès ne trouvèrent que désolation et destruction.
Le prince Artaud avait tenté de repousser l’envahisseur, mais en vain, malgré la vaillance de son armée, le combat ne fut pas de lutte.
Les rares rescapés racontèrent que leurs ennemis possédaient une armure d’une telle robustesse que même les flèches de mithrill n’enrayaient en rien la marche puissante et sûre de l’adversaire. Leurs casques imposants laissaient ressortir de gros yeux ensanglantés plein de haine et une mâchoire assoiffée de sang. Leurs uniques armes étaient une hache de guerre mesurant la taille d’un grand seigneur, et ils maniaient celles-ci avec l’aisance d’une fine lame.
Ils dégageaient un tel sentiment de puissance, un tel désir de tout détruire, que les observer, même à des kilomètres de là, envahissait tout soldat d’une peur difficile à cacher; Même les plus grands redoutaient cet ennemi.

La puissance maléfique avançait toujours et toujours et le moment venu de les affronter s'amincissait de jour en jour. Non il fallait mener bataille, tout tenter maintenant, après il serai trop tard.

Refermant le livre Rouge, il sortit l’épée de son fourreau qu’il posa à côté du lit, « Prends soins de lui et obéis lui au doigt et à l’œil. Tant que je saurai que tu es auprès de lui, je pourrai dormir en toute tranquilité ».
L’épée se mit à briller, comme pour le rassurer qu’elle avait compris. Alors il fit un dernier baiser sur le front de son fils puis quitta la chambre.

 
Essai 2

L’aube s’était levée et comme depuis 100 jours, une pluie éternelle s’abattait, là, contre les versants abrupts de la montagne d’ivoire.
Les nuages sombres porteurs de colère et annonciateurs d’un puissant orage, s’étendaient sur tout l’horizon, laissant au soleil une place de spectateur bien terne.
En bas, la mer en fureur se fracassait contre la coque d’un navire. Une voix rauque s’en échappa, « Terre à bâbord, terre à bâbord! », rapidement éclipsée par le grondement au loin.
Mais un nain ne s’avouait jamais vaincu, il cria de nouveau et cette fois le grondement ne l’emporta pas.
La montagne sembla sursauter comme surprise de voir des voyageurs dans des coins ci reculés du monde, puis se mit à trembler lorsqu’elle vit que les occupants étaient des nains.
Oh, qu’elle en avait entendue des rumeurs sur ces mineurs de montagnes! Mais elle n’avait pas l’intention de se laisser faire!

Ainsi donc, le Pellerin, un navire construit entièrement par les elfs et offert aux nains après la guerre de l’anneau en échange de leurs soutiens, atteignait enfin sa destination.
Très vite, l’équipage l’avait parfaitement dompté et il leur avait permis de voyager aux confins des mers à la recherche de nouvelles proies. Car les temps étaient durs, un ennemi venu du nord, très puissant semblait-il, avait réveillé l'appétit féroce des orcs et ceux-ci occupaient petit à petit une grande partie de l'Estragon. Les nains s'étaient donc résolu à s'éloigner du danger, craignant une nouvelle guerre, et pour certains, le départ vers les terres par delà le vaste océan était maintenant venu.
D'autres partirent aux aléas des vents et c’est ainsi que les royaumes du Valimon purent-être découvert.

 
Essai 3
Thor, talentueux chasseur, préférait toujours se débrouiller seul.
Il marcha donc, comme à son habitude, le plus rapidement possible pour s’assurer que personne ne le suivrait.
Les chants et rigolades du reste de la troupe s’estompaient petit à petit et furent provisoirement dissipés lorsqu’il pénétra dans la forêt.
Il avait encore bien fait de se mettre à l’écart de ce brouhaha
Les animaux devaient déjà être bien loin d’ici et encore une fois la troupe reviendrait certainement bredouille.
Bien résolu quand même à ramener quelque chose, Thor s'enfonça dans la forêt.

Le soleil était maintenant bas dans le ciel si bien que les arbres formaient de grandes ombres menaçantes. Et c’était le meilleur moment pour chasser car pour des nains plus question de chasser le jour, ils avaient été trop de fois la risée des habitants des lieux, il faut dire qu’avec le « cling clang » des cottes de mailles, le « boum boum » des bottes, le tout supportée par une carrure impressionnante, il n’était pas vraiment très discret. Ils s’étaient donc résolus à enlever leurs biens métalliques et à apprendre à profiter des ombres pour se dissimuler. Après il ne restait plus qu’à attendre le gibier… sans parler ou chanter; Oui, il y avait encore du progrès à faire!

La troupe entrait enfin à son tour et les chants et rigolades reprirent de plus belles. A l’orée d’une clairière, le chef nain prit la parole : « Nous allons organiser les groupes ici, on en profitera pour se rassasier, la nuit risque d’être longue ». Aussitôt dit, aussitôt fait, les nains, comme s’ils n’avaient pas mangé depuis dix jours et comme ils l’avaient fait il y a une heure… non, en fait, comme ils le faisaient toutes les heures… se jetèrent sur les sacs et en sortirent d’énormes morceaux de viande qu’ils engloutirent plus vite que ne l’aurait fait un ogre, puis avalèrent une boisson bien de chez eux qui aurait assommée, cette fois non pas un ogre mais dix ogres, tellement elle était forte.
Le chef reprit : « Très bien, donc voici les groupes, Twesli, Glouteur et Derwee, vous partirez vers l’ouest, Zeraw… » et il annonça tous les groupes. Mais quelques nains ne pouvaient s’entendre entre eux, et cela il l’oubliait toujours, alors le vacarme masticatoire cessa remplacé par des mécontentements qui en disaient long sur les relations entre certains.

Au loin, des branches craquèrent et cela attira l’attention d’un des nains qui se tenait un peu à l'écart « Tiens, Thor a du attraper un jolie morceau ! » s’exclama t’il. Puis à nouveau des craquements de branches, cette fois plus proches.
« Thor, c’est toi ? ». Pas de réponse.
Il revint vers le groupe... « Chef, chef, il y a quelque chose qui approche! »
A part le chef, cela ne parut inquiéter quiconque, en tout cas cela n'entama en rien les querelles.
« Silence vous autres ! » jeta t-il nerveusement. Les bruits se faisaient bien entendre à présent, c'était bien des craquements de branches, mais d'une telle intensité qu'on aurait dit qu'une tempête s'abattait en plein coeur de la forêt.
« C’est quoi chef ? »
« Je n’en sais rien, mais en tout cas cette chose fonce sur nous..., allez vite sortez vos armes et regroupons-nous au centre la clairière ; Vite! »
Alors à quelques mètres de la lisière, la tempête, comme un cheval au galop qui s'arrête sous l'ordre de son maître, stoppa subitement, et un silence de mort s'installa.
L’adversaire était là, les épiant.
Brusquement, les créatures dans un cri terrifiant surgirent des ténèbres.

Thor se réveilla soudain. Il s'était assoupit et ce n'était pas dans ses habitudes... Reprenant lentement ses esprits, il se rappelait qu'il s'était caché derrière un buisson prêt à bondir sur un animal rôdant aux alentours... puis plus rien. Ah si, il y avait ce cri épouvantable qui lui avait glacé le sang. Mais il n'arrivait pas à savoir si s'était un rêve... « Bon remettons-nous au boulot » se lança t-il comme pour évacuer ce cri toujours en mémoire.
Il se leva... des sons montaient au loin « C'est étrange... on dirait... on dirait qu'on livre une bataille ».
Oui c'était bien des fracas d'armes qu'on entendait. Sans même réfléchir, sentant que les siens étaient en grand danger, il brandit sa hache à deux mains et s'élança, découpant, tailladant, déchiquetant les innombrables obstacles qui le gênaient dans sa progression. Arrivé au but, il n'en pouvait plus, il s'écroula de tout son long, mort de fatigue, dans la clairière. Ses adversaires n'auraient plus qu'à l'achever.
Alors il attendit qu'une épée vienne le transpercer mais elle ne vint pas.
Il n'y avait plus aucun bruit maintenant, il risqua un regard, au début il ne vit rien mais une forte odeur de sang lui piqua le nez; Et une seconde fois il fut anéanti, un spectacle de désolation s'offrait à lui: ses amis étaient tous jonchés sur le sol, baignant dans une marre rouge, morts; Il ne fallait pas chercher les rescapés, un nain se battait corps et âme, jusqu'à ce que la mort s'ensuive.
Il resta las, ne sachant que faire, mélangé entre la colère et la tristesse, incapable de comprendre comment un endroit si paisible, avait pu devenir en quelques instants théâtre des pires atrocités.
Il répétait inlassablement « Mais qui a pu faire une chose pareille?... ». « Et ce cri, ce n'était donc pas un rêve ». « Brh.. » il eut à nouveau des tremblements.
« Et si au moins j'avais été là... » Non ça n'aurait rien changé.
Reprenant son courage à deux mains, il se releva, il fallait prévenir les grands-hommes et le prince de Guilansy avant que ces créatures ne fassent d'autres victimes. Seulement alors il pourrait penser à se venger.

Mais d'abord il fallait s'occuper des corps de ses amis. Alors malgré la fatigue, il enterra chacun des nains, prenant le soin d'adresser une dernière prière à chacun d'eux. Il regarda aux alentours, de puissantes traces de pas, dont l'envergure étaient deux à trois fois plus importantes que celle de ses pieds, s'enfonçaient de plusieurs centimètres dans le sol. Il frissonna à l'idée de se retrouver nez à nez avec de telles créatures.
Ne pouvant plus rien, il retourna chercher sa cotte de maille qui était restée dans les mines. Il prit ensuite un petit sac pour l'y remplir de nourriture et lorsqu'il fut enfin prêt, le soleil commençait à se lever.
Il regarda vers le nord, en direction de la forêt, où il sembla percevoir des feux au loin. Puis se tournant vers le sud, il partit. La route serait longue.

 
Essai 4
Alors que les champs de blé, s’étendant à perte de vue, bronzaient sous le soleil au zénith, un groupe de cavaliers passant par là, vint troubler quelque peu le calme insipide qui régnait. Pourtant l’immense plantation n’eut guère l’opportunité de profiter du spectacle de cette cavalcade : le temps que le nuage de poussière retombe et les protagonistes étaient déjà loin.
Les cavaliers arrivèrent à une bifurcation et s’arrêtèrent, le voile se dissipa et ils purent regarder loin derrière eux, tous retinrent leurs souffles comme s’ils s’attendaient à ce qu’une créature maléfique les prenne en chasse. Mais rien. Ils repartirent, alors le tempo des sabots reprit et la poussière vola de nouveau.

Le groupe de cavalier arrivait à destination de Vismith, la ville aux milles couleurs. Durant tout la chevauchée ils n’avaient cessé de s’interroger sur le sort de celle-ci; Aux dernières nouvelles, une armée d’orcs marchaient en direction de la vallée magique. Mais avaient-ils pu trouver l’entrée secrète, ce qu’aucun étranger n’avait jusqu’à ce jour découvert … ?
Les cavaliers ralentirent le pas, le paysage avait maintenant radicalement changé, la plaine s’était transformé en un champ rocailleux, désertique, qui ne laissait nullement présager qu’un peuple puisse vivre ici. Quelques instants plus tard, ils aboutirent sur un précipice. Là, comme s’ils avaient atteint le bout du monde, une mer de nuages s’étendait devant eux, l’horizon et le fond ne pouvant être distingués.

Alors Eziut annonça « Nous sommes arrivé, maintenant nous allons savoir ». Tous fermèrent les yeux puis prenant une grande aspiration, ils plongèrent dans le vide. Alors ils franchirent les portes secrètes de la vallée.
La nature y était vraiment resplendissante, les fleurs toutes écloses semblaient sourires tellement elles semblaient heureuses, les arbres d’une vitalité exemplaire grimpaient à n’en plus finir, les animaux courraient avec élégance dans tous les sens, les oiseaux harmonisant cette danse par des chants toujours plus féeriques.
C’était un spectacle magnifique.
Les cavaliers étaient soulagés, le mal n’était pas encore arrivé ici et enfin ils se sentaient en sécurité.
Ils se mirent en route vers la ville.
 
Essai 5
« Regarde Sahra cette eau limpide qui coule, effleurant les rochers avec douceur comme une larme ruisselle sur tes paupières. Vivace et pleine d’entrain, elle descend de la montagne où séjournent les neiges éternelles et intrépides face au coup de boutoir de l’astre ardant.
Emportée dans son élan, elle parcourt la plaine du Méthadore, et telle une épée elle s’enfonce dans les terres septentrionales, rien ne pouvant l’arrêter. Enfin arrivée à sa destinée, elle pose un dernier regard vers les hautes cimes qui lui ont données vies, puis d’une dernière lamentation elle se jette dans les flots tumultueux et téméraires de l’océan. »
 
Essai 6
Le vagabond s’arrêta devant l’auberge, un panneau indiquait « Chez Boris » puis « Ici s’arrête l’emprise des lois ».
La porte était énorme, tellement qu’elle aurait pu supporter une charge de sanglier. Il la poussa lentement et entra.
Les chants résonnaient avec violence dans l’immense salle.
«
Oyé, oyé gentes gens
Goinfrez-vous comme des rois
Buvez comme ce n’est pas permis
Fumez ces herbes sans gêne
Et allez y de bon cœur
Car ici même les dieux s’inclinent
Devant le maître des lieux
».
Personne ne l’avaient encore remarqué.
Comme si il s’y attendait il ne fut par surpris de voir la plupart des clients ivres, certains affalés sur les tables, les autres la bouteille à la main participant aux chants, qui à mesure se transformeraient en cacophonie générale.
D’un pas sûr, il s’avança vers le comptoir et d’une voix mélodieuse, qui rompit avec l’ambiance désordonnée, demanda au barman « Vous pouvez me servir un grand verre d’eau, s’il vous plaît ? ». Le barman faillit s’étouffer « De l’eau !? Vous croyez qu’ici on boit de l’eau ? Non mais sans blague vous venez d’où pour dire des choses pareils ? Ah Ah Ah… ».
Très satisfait de la réaction du barman, le vagabond ne laissa pas l’occasion passée et lança : « De Isuldur, pourquoi ? ». Le barman faillit s’étouffer une deuxième fois « De l’ISULDUR…!!! ».
La nouvelle se propagea très rapidement dans la grande salle, les chants et rires cessèrent et un lourd silence s’installa.
Tous les regards étaient maintenant rivés vers l’étranger, attendant la suite des évènements.
« Oui j’ai affronté les montagnes de Roc, les marais du Voldor, les forêts sombres de Throm, je me suis même retrouvé à batailler contre les créatures du Chaos… » grand étonnement dans la salle, ne disait-on pas que rien qu’avec leur regard, ces créatures pouvaient vous dévorer de l’intérieur.
 
 

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