HP 85
 
 
Introduction
Dans les années 1960-70, HP était surtout reconnu dans le domaine scientifique avec, tous les quatre-cinq ans, la sortie de nouveaux ordinateurs ou calculateurs servant principalement à l'acquisition de données et au calcul mathématique.
Mais vers la fin des années 1970 de nombreux ordinateurs concurrents arrivèrent sur le marché.
Aussi HP devait frapper un grand coup et il misa sur un ordinateur d'une grande originalité puisqu' intégrant en un seul bloc une imprimante, un clavier, un lecteur de cartouches ainsi qu'un écran.
Cet ordinateur nommé HP-85 sortit le 7 décembre 1979 et fut le premier modèle de la "série 80" de chez HP.
 
Le hardware

Alors que la plupart des micro-ordinateurs étaient architecturés avec des microprocesseurs 8 bits Intel 808x, Motorola 650x, 6800 ou encore Z80, HP créa son propre microprocesseur 8 bits (64 registres): le "CAPRICORN" qui avait l'originalité de ne pas avoir d'accumulateur et donc de manipuler directement des expressions de 64 bits.
Ce microprocesseur qui fonctionnait à 613 KHz (le Z80 avait une fréquence de 4000 KHz) était d'ailleurs peu documenté ce qui obligeait les scientifiques à utiliser un interpréteur BASIC étendu.
Heureusement celui-ci était assez puissant (plus de 350 commandes/états) et il offrait de nouvelles fonctionnalités telles que la sécurisation des programmes, la déclaration de données communes, une gestion évoluée des chaînes de caractères, etc.
La mantisse avait une précision de 12 chiffres et la limite exponentielle était de +/-499, ce qui était idéal pour le calcul numérique.
Le programmeur avait la possibilité de déclarer le type de variable.

La RAM de la configuration de base était de 16 Ko dont 14576 octets étaient disponibles pour l'utilisateur. Un module mémoire permettait de l'augmenter de 16 Ko (maximum). Enfin le système d'exploitation résidait dans une ROM de 48 Ko.

Mémoire libre du HP-85

Le HP 85 disposait d'un clavier "QWERTY" avec des touches raccourcies préprogrammées BASIC ainsi que des touches pouvant être affectées au lancement de programmes. On retrouvait bien entendu le pavé numérique avec les quatre opérateurs (+,-,*,/). Les touches du clavier étaient assez dures à enfoncer ce qui pouvait rendre pénible la saisie de gros programmes mais, en général, il était quand même agréable à utiliser et convenait très bien pour par exemple entrer des données numériques. Il était de plus très robuste.

Le clavier des HP

L'écran cathodique monochrome avait une diagonale de 12,7 cm (5 pouces). Il pouvait afficher 16 lignes de 32 caractères en mode texte et l'ordinateur conservait en mémoire jusqu'à 64 lignes, ce qui évitait les chargements. Une expression pouvait contenir au maximum 95 caractères, un caractère étant formé par une matrice 5x7 pixels.
En mode graphique, le HP disposant d'une mémoire vidéo de 8 ko, l'écran était capable d'afficher une résolution de 256x192 pixels, on permutait entre les deux modes à l'aide d'une simple touche. Due à sa petite taille, l'affichage était très fin et permettait d'afficher convenablement des courbes, graphiques, etc. Le nombre de caractères différents était de 256.

L'utilisateur pouvait imprimer immédiatement ses résultats grace à l'imprimante thermique. Celle-ci était rapide, pouvant imprimer deux lignes de 32 caractères par seconde. En mode graphique sa vitesse était réduite de moitié car, dans ce cas, la tête de lecture imprimait toujours dans le même sens. L'intensité de l'impression était bien sûr ajustable.

Quand au dispositif de stockage, HP avait choisi un lecteur de cartouches puisque celui-ci, déjà utilisé depuis plusieurs années sur d'autres machines, avait fait ses preuves.
Ces cartouches magnétiques avaient une capacité de 195 Ko pour, au maximum, 780 enregistrements de programme et une capacité 210 Ko pour 850 enregistrements de données; un enregistrement de programme étant la plus petite unité adressable sur la bande (256 octets) alors qu'un enregistrement de données pouvant avoir n'importe quelle taille.
La vitesse de recherche était de 7800 octets/s et celle d'écriture/lecture de 650 octets/s.

Une cartouche magnétique

Sur chaque bande existait un catalogue qui pouvait contenir au maximum 42 noms de fichiers et référençant l'endroit où le programme était enregistré.
La cartouche étant contrôlée à chaque démarrage de l'ordinateur, on pouvait rendre un programme autobootable.
A notez aussi que bien que le modèle de cartouches était identique, les programmes de la série 80 n'étaient en aucun cas compatibles avec ceux des autres série.

La commande "CAT" affichait le catalogue de la cartouche.
La taille du fichier était donnée par RECS x BYTES
 
Les extensions
Les extensions étaient nombreuses, à commencer par les ROM (6x8 Ko additionnels) qui se plaçaient sur le boîtier "ROM DRAWER", lequel s'enfichait à l'arrière de l'ordinateur (4 connecteurs). On trouvait ainsi une ROM pour le calcul de matrices "Matrix", une autre pour gérer les entrées/sorties "Input/Output" ou encore une autre ajoutant des fonctionnalités pour la programmation "Advanced Pgrm".
Il y avait également un module RAM 16 Ko, un module HP-IB à la norme IEEE 488 (qui permettait de connecter, par exemple, des appareils de mesure), une interface série...
Pour améliorer la vitesse d'accès et le portage des données, HP fabriqua également un lecteur 5 pouces 3/4 d'une capacité de 286 Ko ainsi qu'un lecteur 8 pouces.
D'autres périphériques comme une table traçante ou une tablette graphique sortirent afin de diversifier les domaines d'utilisation du HP-85.
Module mémoire 16 Ko pour le HP-85

Carte où se plaçait les ROM

Des roms pour le HP-85

Face arrière des HP
 
Les applications
Mais c'est surtout grâce aux logiciels d'applications que ce micro-ordinateur allait connaître le succès. En effet la richesse des bibliothèques était telle qu'il était difficile de ne pas y trouver son bonheur; ainsi il existait des bibliothèques très puissantes spécialement dédiées aux mathématiques, aux finances, à l'analyse de données, à la gestion de comptes, à l'électronique, etc. On retrouvait de plus les célèbres logiciels tels que VisiCalc ou WordStar.
On comprend mieux pourquoi l'utilité d'apprendre le langage machine du microprocesseur HP n'était pas essentiel: tout était déjà mis à la disposition de l'utilisateur!

Au cours des années 1980, l'association des appareils de mesures aux HP-85 était fréquente.
 

Divers

Il pesait 9 Kg, ses dimensions étaient: profondeur 42 cm, largeur 46 cm, hauteur 16 cm; et, à part le lecteur qui faisait un boucan pas possible lors du rembobinage, il était vraiment très silencieux.

Sa fabrication fut arrêtée en 1984.

A noter que les manuels étaient très bien conçus et volumineux. On trouvait de nombreux exemples pour afficher des graphiques, écrire des expressions mathématiques, optimiser le stockage de données...
 

Conclusion

La faciliter de le transporter, l'ergonomie du clavier, la lisibilité de l'écran, la puissance du BASIC et des librairies permettaient à cet ordinateur d'être l'outil idéal pour tout technicien/scientifique et il y avait encore 3-4 ans des laboratoires l'utilisaient encore.
Pour le particulier, par contre, c'était sans doute un micro-ordinateur trop cher (3250$) comparé à l'Apple II, par exemple, qui valait trois fois moins. Et pour le joueur il n'avait aucun intérêt à acquérir cette machine, le nombre de jeux sortis étant de ... 2!
 
 
HP 85B
 
 

Le modèle B

Le HP-85B sortit en juillet 1983, il acceptait la rom gérant les disques durs qui se connectaient alors à l'aide du port GP-IB ainsi que les lecteurs 3 pouces 1/2. Un disque virtuel "Electronic Disc Memory" de 32 Ko, qui par ajout de modules pouvait atteindre 544 Ko, était aussi implanté et accélérait donc considérablement le chargement des programmes. Le micro-ordinateur était automatiquement livré avec 32 Ko de RAM.
Il était bien sûr entièrement compatible avec les programmes HP-85.

Sa production fut arrêtée en 1988.

Mémoire libre du HP-85B
 

Problèmes rencontrés

Comme tout les modèles HP à cartouches, ce sont les galets du lecteur qu'il faut changer car la pâte en résine se détériore avec le temps et la poulie de la cartouche n'est donc plus entraînée.
 
 

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